Normale, Nathalie Costilhes?

Normale, Nathalie Costilhes?

Née à Paris en 1970, Nathalie part en Chine à l’âge de 5 mois. Elle y vit ses premières années jusqu’en 1974. Après un bref retour en terre parisienne, ses parents se séparent et Nathalie suit sa mère à Genève. Les voyages rythmeront alors sa vie, pour retrouver son père aux divers coins de la planète, d’où son insatiable intérêt pour ce que les autres sont et font. Ce style de vie particulier fera naître en elle un indispensable besoin de partage des connaissances et de respect de l’autre qui dictera ses choix professionnels et personnels.

Expérience assez troublante vécue à partir de cette question…

L’exercice est séduisant au départ. Il semble facile de se prêter au jeu. La réponse est tellement évidente. Il suffit de me regarder. Pas de vagues, pas d’aspérités. Je rentre dans les cases. Cependant, intérieurement, intimement, profondément, c’est une autre histoire… Cela fait donc un très bon sujet d’écriture pour un dimanche pluvieux.

Or, étonnamment, dès les premières phrases les mots peinent à trouver leur place. À chaque relecture ils semblent contredire une nouvelle fois ma pensée. Je modifie, nuance, cherche des exemples, me questionne, change d’avis encore et encore, puis commence à douter de ma lucidité et enfin de mes compétences. Je ne sais plus écrire. Je ne parviens plus à penser. Pourquoi ce Maelström à l’évocation de ma normalité? Ce n’est sans doute pas le bon moment pour me pencher sur le sujet. Mon esprit est encore un peu brumeux. Quelques séquelles de la veille. Une bonne marche sous la pluie va mettre de l’ordre dans tout cela ! Au retour c’est pire… pas de panique, je reprendrai un autre jour. Mauvaise idée, ce jour-là les symptômes s’aggravent. Il faut tout recommencer. Ce qui a été écrit n’a aucun sens. Pas une seule idée n’est cohérente, lisible, correctement formulée. Ce texte ne ressemble à rien. Pourquoi ? Je veux comprendre pour quelle raison écrire sur la normalité est au-delà de mes capacités. Ce qui se passe n’est pas normal. Une introduction ou une chute insatisfaisantes ne sont pas rares. Des paragraphes récalcitrants sont monnaie courante. Un tel abîme…c’est une première. Suis-je normale ? Aujourd’hui oui pour mille raisons. Demain non pour mille autres. Suis-je anormale ? Aujourd’hui oui car je me sens totalement décalée. Demain non car je me fondrai dans le décor. Ou ce sera peut-être l’inverse ? Dès que mon esprit aborde le sujet, un tourbillon de réflexions commence à se former, le vertige me gagne et toute velléité de clarté devient illusoire. Normalité, anormalité, normes, règles, originalité, jugement, comportement, société, regard, choix, malaise, créativité, différence, humanité, désespoir, liberté, entraves, convention, révolte, oxygène, solidarité, espoir, communauté, minorité, réaction, bonheur, utopie… désolée, je ne peux pas imposer de cadre à ce sujet ! Impossible de faire un tri, de trouver un ordre ou une priorité. Pas de limites. L’idée est insupportable. Trop de normes partout, laissons au moins ici exploser la liberté de penser sans contraintes et sans cohérence. L’exercice est raté, tant pis. Je viens de découvrir mes limites intellectuelles, paralysées par une simple petite question que je ne m’étais jamais posée. Néanmoins si, comme disait le philosophe, tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien, je souhaiterais tout de même conclure sur une certitude : je ne suis pas adaptée à ce monde dans lequel la différence éloigne au lieu de rapprocher.

 

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